Les édifices ou les villes qui nous ont émus restent encore aujourd’hui en petit nombre. Pour les évoquer simplement,
ce sont notamment – pour ceux qui me reviennent en mémoire :
la Bibliothèque des livres anciens à Yale, la Chapelle
de Ronchamp, l’Église de Piétilä à Helsinki.
Le rêve passe-murailles
Dynamique culturelle et valorisation du patrimoine architectural…
…participent à la dynamique sociale, culturelle et économique menée par la Ville d’Orthez. Le cinéma de proximité proposé ici en entrée de ville sur l’avenue de la Moutète au contact de la vieille ville et en surplomb du gave de Pau en est l’un des maillons.
Le tissu urbain diffère d’un côté à l’autre de l’avenue : à l’est, le tissu de la vieille ville est continu à l’alignement, constitué d’immeubles d’habitation ; à l’ouest, là où l’implantation du cinéma est envisagée, le tissu, historiquement plus récent, est un tissu discontinu avec implantation en retrait constitué d’équipements publics pour l’essentiel (Marché couvert de la Moutète, le mur à gauche ; les anciens abattoirs notamment).
C’est un projet en balcon et en retrait qui libère un espace de circulation protégé pour les piétons et les deux roues. C’est un équipement qui fait signe la nuit venue en entrée de ville lorsque la lumière artificielle prend le pas sur la lumière du jour.
C’est un projet qui propose transfusion et échanges entre l’épiderme, les textures et les tonalités de la vieille ville et une atmosphère de l’âge hollywoodien constituée de rouges, d’ors, de bois, de velours et de cuirs. C’est un projet qui s’inscrit localement mais transpire ses référents cinématographiques, ses fastes et ses paillettes. C’est l’endroit et l’envers du décor, le dedans et le dehors, le réel et le virtuel, le mimétisme et l’éclat, la patine du temps et la fraîcheur des lumières.
Il puise l’apparence de son revêtement dans les tonalités de la pierre, des « picons » et des serrureries patinées par les assauts du climat et de l’âge, leur rusticité, leur matière et leur corrosion. Il la traduit à l’aide de grands calpins d’acier auto patinable dessinant de jour comme de nuit, et particulièrement au couchant, entre chien et loup l’endormissement de la ville.
Sa doublure, au sens textile ou de vêtement, renvoie à la chaleur, à la sensualité et à la féerie des images et des motifs, aux décors fastueux, à la fête, à l’éveil et à la vie nocturne. C’est l’envers du décor, le lieu de la lumière artificielle, des couleurs pures, des motifs contrastés et des images qui enchantent et subliment le réel.
C’est un projet de scénographie, un projet passeur d’un monde à l’autre, du quotidien à l’évènementiel, de l’ordinaire à l’extraordinaire, qui met en scène le cinéphile, lui propose un voyage de sa ville vers d’autres horizons, horizons virtuels certes mais si irrésistiblement attrayants.