…et la charpente de l’église Saint-Girons, chef d’œuvre caché du XVe siècle qui dit la richesse et la qualité du goût et des savoirs faire des artisans locaux à cette époque. Le projet que nous développons à Monein renforce ses liens avec ce paysage et, sur la grand place Lacabanne, ce savoir faire des charpentiers béarnais.

Le site proposé pour y implanter sa médiathèque offre à Monein l’opportunité d’ouvrir sur son espace majeur une fenêtre sur le paysage de ses coteaux plantés de bois et de vignobles. Le projet met en musique cette fenêtre, ouvre cette percée visuelle vers les lointains, introduit le paysage rural sur la place principale. La médiathèque devient cet espace médiateur qui permet la rencontre entre Monein et son paysage, entre l’urbanité et la ruralité, le minéral et le végétal, la façade principale et le fond de parcelle. La médiathèque devient une extension ou une dilatation de l’espace public, une agora déportée, à couvert, construite comme les « passages » dans Paris qui interrompent les façades sans créer de rupture, construisent d’autres atmosphères, ouvrent d’autres perspectives, racontent d’autres histoires, proposent d’autres saveurs.

Pourtant, comme les autres bâtiments qui la bordent, la médiathèque construit la place, dans le respect du gabarit général, de l’alignement des façades et des égouts. Mais elle en réécrit la typologie, évide les pleins, remplit les vides, dématérialise les enveloppes, met en scène les charpentes. En toute transparence, elle raconte sa fonction, son statut d’édifice public, crée l’évènement sans sortir du rang. Elle ouvre généreusement ses espaces au public, en montre leur profondeur, d’abord son porche ouvert sur la place et abrité sous sa grande marquise, ensuite sa nef tripartite qui le prolonge et raconte les trois fonctions de l’équipement : atelier de cuisine, médiathèque, espace d’animation.

Elle est construite comme un chai ou une grange, structure porteuse déportée contre les mitoyens, espace ouvert, plan libre de toutes contraintes, permettant les transformations d’usage sans changer la configuration des espaces. Il en est de même des espaces dits « servant », déportés contre les mitoyens. Les espaces techniques, réputés bruyants et les espaces administratifs qui nécessitent retrait et calme par rapport à l’activité, sont aménagés en étage, chacun dans son propre volume.
D’un point de vue constructif, le projet fait la part belle aux artisans béarnais, utilisant autant que possible des matériaux solides, naturels et durables ainsi que les savoirs faire locaux. La charpente y a le rôle principal et se montre sur la place comme un chef d’œuvre de compagnon, technique, beau et précieux.