Radar monopulse à Itxassou

Cadran solaire monumental

Objets techniques atypiques qui échappent le plus souvent à une pensée architecturale, les radars occupent par nécessité les points hauts et sensibles du paysage.

Ici l’Artzamendi, premier mille mètres de la chaîne pyrénéenne depuis les rives de l’océan atlantique, occupe tous les paysages du Pays Basque : il est visible depuis la côte, depuis Bayonne et le val d’Adour, depuis le cœur du territoire basque. Son édifice sommital forme un tétraèdre régulier tronqué qui se transforme en plateau à l’est du sommet à une moyenne de neuf centimètres. Le versant Nord-Ouest en limite du plateau plonge dans une pente à soixante dix pour cent ; le versant Sud descend tout en rondeurs vers les prairies alpines en contrebas. La parcelle choisie par le service technique de la navigation aérienne (STNA) se situe sur cette position en limite de rupture géologique et topographique, en balcon face au Mondarrain.

Le projet se développe en plan comme un cadran ou un planisphère, en élévation comme un graphique scientifique, instrument de mesure capable de nous révéler les évolutions du visage topographique de ce sommet usé par les millénaires. Visible depuis les confins du Pays Basque, il fait dans le même temps signe et repère dans ce paysage comme le font les cairns le long des chemins d’altitude ou les chörtens, stupas dressés dans l’Himalaya à des fins religieuses.

C’est un petit édifice qui règle son échelle sur celle du paysage, une grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Deux aiguilles orientées, l’une perforée de fentes, l’autre plantée d’une série d’épines lui permettent d’y parvenir sans consommer trop de matière. Comme un cadran solaire, elles construisent un espace graphique et abstrait révélant ainsi un étrange estran d’altitude dont le parcours constitue une expérience sensible et émouvante qui nous fait entrevoir le vertige du temps et de l’espace cosmique tout comme peuvent le faire les cromlechs, monuments mégalithiques situés plus bas au col des Veaux ou plus à l’est au sommet de l’Okabe.

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Dates 1990-1994
Surface 230 m²

Dédale — Quels édifices ont pu vous émouvoir ?

Les édifices ou les villes qui nous ont émus restent encore aujourd’hui en petit nombre. Pour les évoquer simplement,
ce sont notamment – pour ceux qui me reviennent en mémoire :
la Bibliothèque des livres anciens à Yale, la Chapelle
de Ronchamp, l’Église de Piétilä à Helsinki.