Les édifices ou les villes qui nous ont émus restent encore aujourd’hui en petit nombre. Pour les évoquer simplement,
ce sont notamment – pour ceux qui me reviennent en mémoire :
la Bibliothèque des livres anciens à Yale, la Chapelle
de Ronchamp, l’Église de Piétilä à Helsinki.
INTIMITÉ À LA CARTE
L’éco quartier du Séqué se développe sur les coteaux de l’Adour, rive droite, en amont de Bayonne.
C’est une ancienne propriété agricole plantée de vergers et de bois de carolins dont il reste trace, du moins sur l’arrière, aux abords de l’étang, où un temps un camping a été exploité. Conscients de l’extrême qualité paysagère du lieu, la Ville de Bayonne, son aménageur et son urbaniste ont développé un projet ambitieux en matière de cadre de vie, attentifs à un équilibre et à une relation privilégiée entre les nouvelles constructions et leur environnement.
Le site occupe la partie basse de l’ancien camping, bassin versant d’un petit ruisseau alimentant l’étang. Il est constitué de trois plateaux étagés qui accueillaient jadis tentes, caravanes et camping cars. Il est largement boisé sur ses limites et sur ses ruptures de pente révélant à notre compréhension la logique de son organisation.
Le contexte réglementaire pose des règles précises en matière de respect et de protection de l’environnement. Les thèmes abordés sont pour l’essentiel le respect du sol, de sa topographie, de son substrat et de sa végétation dont certains sujets sont remarquables, la réalisation de constructions à l’empreinte écologique minimale, faisant la part belle à la filière sèche et à l’utilisation du bois et de la végétation. L’horizon de cette vigilance reste la qualité de vie de ses futurs usagers, générosité des espaces, apports solaires, vues, protection de l’intimité, ventilation et économie des énergies ainsi que la préservation de leur futur cadre de vie.
Une circulation en boucle distribue tout le site permettant d’amener le véhicule de chaque usager au pied de son habitation.
Les constructions, implantées plus ou moins au droit des ruptures de pente entre plateaux dont le dénivelé s’échelonne de un à deux mètres environ selon l’endroit où en est prise la mesure, sont portées par des pilotis, dégageant en même temps l’habitation des contraintes topographiques et un espace abrité pour les véhicules.
D’une rangée à l’autre, les bâtiments, tous à la même distance du sol, s’échelonnent en altitude, révélant ainsi sans la toucher sa topographie, dégageant des vues traversantes par-dessous et des vues lointaines pour les appartements des derniers niveaux ; rangée après rangée, ils s’implantent en peigne depuis la rue offrant à ses usagers des perspectives cadrées sur le sous bois et la promenade vers l’étang.
Leur construction, d’abord développée sur la base du système domino inventé par Le Corbusier en 1914, avec réalisation de l’ensemble des façades en bois et une double peau en façade des balcons constituée de cadres identiques grillagés destinés à supporter une végétation grimpante de vignes vierges et de clématites, a évolué vers un système mixte comprenant une partie maçonnée grossièrement enduite servant de support aux balcons d’acier et de bois qui y sont suspendus. Une trame de poteaux de bois de faible section permet la mise en place des garde-corps ; des jalousies mobiles montées sur glissières permettent d’en gérer l’intimité à la carte.