Les édifices ou les villes qui nous ont émus restent encore aujourd’hui en petit nombre. Pour les évoquer simplement,
ce sont notamment – pour ceux qui me reviennent en mémoire :
la Bibliothèque des livres anciens à Yale, la Chapelle
de Ronchamp, l’Église de Piétilä à Helsinki.
TRANCHER POUR RASSEMBLER
La typologie de cloître du lycée Montesquieu correspond à une structure pédagogique qui a fait ses preuves et reste parfaitement adaptée à la pédagogie d’aujourd’hui.
Elle correspond également à l’organisation urbaine de Bordeaux, bâti à l’alignement, cœur d’îlot évidé, ici dilaté et confortable, espace hors la ville et hors du temps, image d’un monde clos, unitaire et silencieux, qualités nécessaires à un lieu réservé à l’étude.
Au choix de la maîtrise d’ouvrage de compléter le dispositif par la construction d’un îlot complémentaire, correspond notre regard sur la ville : Le projet proposé modèle et enrichit l’espace de la ville en tranchant son tissu. Comme le dit très justement Christian de Portzamparc « trancher pour réunir, pour partager, créer le vide pour assembler la pluralité des choses, c’est ce que j’ai toujours cherché à faire, face à ces morceaux de villes fragmentées par leurs histoires et leurs temps différents. »
Le projet présenté est une dilatation du cloître vers le nouvel îlot mis à disposition, avec franchissement de la rue Le Chapelier par son déambulatoire, volonté à nouveau d’un espace unitaire à partir de deux espaces isolés par la rue. Cette métamorphose s’effectue dans l’espace, avec souplesse, la boucle du déambulatoire franchissant la rue à hauteur, comme un toboggan, reliant de part et d’autre des niveaux différents, chacune de ses deux bretelles se regardant l’une l’autre.
Le nouvel îlot s’organise en U, ouvert sur la rue Le Chapelier, dévoilant ainsi ses jardins en cascades à ses usagers, peu habitués à plonger leur regard dans les cœurs d’îlots bordelais. Les façades du bâti existant sont conservées et rénovées sur les trois faces extérieures du U, utilisées comme une double peau, le volume du nouveau programme s’implantant en retrait de façon à s’affranchir de ses contraintes de régulation géométrique et de l’organisation de ses percements.