Piscine sports et loisirs à Saint-Jean-de-Luz

SYMBIOTE BAROQUE

Le site est un site d’exception tant par sa localisation à proximité de la Nivelle et le golf de Chantaco que par sa structure paysagère particulièrement ancienne.

Il borde la route de Saint-Jean-de-Luz à Ascain qui longe la Nivelle et s’étend en profondeur remontant en pente douce vers les lisières boisées de chênes du golf qui le longe partiellement à l’arrière.Il est bordé au nord par un ruisseau qui draine le site, au sud par un alignement de platanes qui longe une allée privée. Un chêne « têtard » âgé de plus de trois cents ans occupe une position privilégiée à mi-profondeur de parcelle.

Le projet répond à ce contexte sous deux registres, l’un historique qui puise son inspiration à travers l’histoire de la région de Saint-Jean-de-Luz et des bords de la Nivelle, l’autre dans la relation directe avec la physionomie de son environnement naturel.

Le passage de Louis XIV à Saint-Jean-de-Luz nous renvoie à ce grand siècle que fut le XVIIe siècle pour les services et les arts tel que l’art des jardins dont Le Notre fut le grand maître. Nous ne pouvons occulter le rayonnement de son travail à travers le monde ni son influence jusque dans nos provinces. Arnaga, résidence de villégiature construite par Jean Rostand non loin de là sur la commune de Cambo en est l’un des témoignages en Pays Basque. Le projet revendique ces attachements historiques, nous renvoie à l’usage de la perspective, au rôle du bâti, lieu de transition entre minéral et végétal, ville et nature, public et privé… organisation d’un espace paysager apprivoisé, clairière de domestication au cœur d’une nature immuable qui rappelle les origines.

Les bords de la Nivelle nous renvoient à la tradition de pêche à la baleine qui perdura sur la côte basque jusqu’à pendant la première moitié du XXe siècle, accompagnée d’une tradition de chantiers navals consacrés à la construction des trainières (embarcations à rames pour la pêche à la Baleine appelées aussi « bartelas » en Pays Basque espagnol et dont les descendantes construites en fibre de carbone offrent des spectacles de compétitions magnifiques en baies de Saint-Jean-de-Luz, Txingudi, Saint Sébastien ou Bilbao). Le projet parle de ces chantiers navals des bords de la Nivelle construits en bois, simples, fonctionnels et efficaces aujourd’hui disparus dont ne témoignent aujourd’hui que quelques gravures et photos anciennes.

Plus directement, le projet tisse ses liens, organise son dialogue avec son environnement immédiat ; Le décor est planté : grande allée de platanes contenant et structurant le Sud de la parcelle, chêne tricentenaire, en position privilégiée et qui constituera le pivot et l’articulation de toute la scénographie d’approche de l’équipement, lisière au nord. Cette trilogie paysagère inspire la fragmentation du bâti en trois éléments, chacun dans une échelle de dialogue ou sur une logique particulière de relation à son paysage.

Le volume principal organise sa géométrie sur la grande allée de platanes, dématérialise ses pignons pour permettre depuis le route d’Ascain une vision traversante de l’édifice jusqu’aux lisières du fond de parcelle.
Le deuxième volume, étiré d’est en ouest, règle son axe sur celui du chêne tricentenaire qu’il met en scène face au hall d’accueil.
Le troisième volume règle sa géométrie sur la lisière au nord du site et met ainsi à l’abri des regards et de l’agitation des espaces dédiés au public, la partie administrative de l’équipement.

Le projet prend ainsi naturellement possession du lieu, s’y déploie en éventail, se glisse entre ses arbres pour mieux exister, aussi pour mieux le faire exister, architecture en symbiose.

Cette typologie en trois éléments recouvre une autre logique, celle du programme. Le volume principal abrite l’ensemble des bassins. Le deuxième abrite, la tête tournée vers le chêne tricentenaire, le hall d’accueil et successivement, les espaces de cabines et casiers, puis de sanitaires, coin bébé et vestiaires collectifs. Les douches enfin font l’interface avec les bassins. Le troisième volume, articulé sur le hall, distribue la partie administrative, salle de réunion et locaux du personnel tournés vers la lisière, le calme et la lumière du nord.
Un escalier, implanté dans le hall donne accès à une mezzanine en balcon sur l’ensemble des bassins et à des gradins accessibles à un public pieds secs lors de compétitions.

Les matériaux de construction mis en œuvre sont des matériaux bruts, bois teinté aux tonalités d’écorces, acier autopatinable aux couleurs du pelage de l’écureuil, choix légitimés par le sous-bois, thématique d’humus, de feuilles mortes, désir d’inscription mimétique, respect des harmonies et des tonalités d’un milieu naturel préservé.

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Dates 2000-2003
Surface 2 155 m²

Dédale — Quels édifices ont pu vous émouvoir ?

Les édifices ou les villes qui nous ont émus restent encore aujourd’hui en petit nombre. Pour les évoquer simplement,
ce sont notamment – pour ceux qui me reviennent en mémoire :
la Bibliothèque des livres anciens à Yale, la Chapelle
de Ronchamp, l’Église de Piétilä à Helsinki.