Maison de la Baie de Somme à Lanchères

DIVISION SECTORIELLE

Le territoire de la baie de Somme concerné par le projet d’aménagement se situe dans des bas champs…

…au sud de la baie entre les villages du Hourdel, de Lanchères et de Cayeux sur Mer sur une surface d’une trentaine d’hectares. C’est un territoire littoral humide parsemé d’étangs et traversé par des canaux où cohabitent nature et activité humaine. Il se situe sur le parcours migratoire de l’avifaune qui traverse l’Europe. La Maison de la Baie occupe une ancienne ferme à l’entrée du site en milieu inondable où toute construction neuve traditionnelle est interdite en rez-de-chaussée.

Le projet organise une relation privilégiée entre paysage, architecture et scénographie. Cette relation s’appuie sur un dispositif en croix qui définit quatre secteurs angulaires correspondant aux quatre grands systèmes paysagers de la Baie ; il imprime à la Maison de la Baie son organisation et sa typologie, définit ses accès et ses vues, ses solutions techniques et son système constructif, sa relation au paysage proche et lointain. Il place enfin le visiteur au chœur d’une scénographie qui tisse de façon rythmique une relation entre virtuel et réel, proximité et lointains, entre beauté des paysages et fondements scientifiques.

À l’échelle de ce territoire, le projet paysager tisse un réseau de liens naturels entre les différents paysages qui le constituent, paysages naturels, agricoles et industriels aujourd’hui dissociés.
Ces liaisons naturelles consistent à renforcer, voire étendre des boisements, des landes, des haies bocagères, des milieux humides afin de relier les zones les unes aux autres et de tisser progressivement une toile continue qui s’étend du littoral jusqu’à la baie en favorisant fortement la circulation des faunes et des flores. Cette intervention nécessite que des zones aujourd’hui exploitées soient rendues à la nature. Ces mutations d’usages doivent prioritairement être réalisées dans une bande de 1500m de large le long du littoral ce qui correspond à la largeur de la zone des Molières sur la partie sud de la baie.
La Maison de la Baie se situe en limite de cette zone et en constitue une porte d’entrée. Elle jouie de la présence des deux canaux et des deux étangs qui l’encadrent aux quatre points cardinaux. Cette présence de l’eau développe un milieu humide dont les éléments construisent un paysage naturaliste et intime baigné des reflets du paysage et du ciel.
Au-delà des canaux, axe principal de circulation des visiteurs, le grand paysage ouvert met en scène la Maison de la Baie, visible à plus d’un kilomètre, point de repère principal de la baie sud, magnifiée par les plans d’eau qui l’encadrent.

Le projet architectural s’appuie sur un ponton en croix dont les dimensions s’inscrivent dans l’échelle du grand paysage (100m d’est en ouest et 140m du nord au sud). Chacune des branches de ce ponton traverse l’équipement de part en part, définissant ainsi les nouvelles ouvertures de l’équipement sur l’extérieur et proposant au visiteur une relation perspective sur un paysage cadré et choisi. Ces panoramas naturels sur l’extérieur viennent ainsi rythmer la visite et les explications de l’espace muséographique. C’est aussi un moyen de se repérer et de s’orienter à l’intérieur de l’équipement. C’est enfin un moyen de sortir et d’approcher avec la distance nécessaire les 4 éléments aquatiques structurant la proximité paysagère de la Maison de la Baie : le canal de Lanchères et le canal de Cayeux, l’étang du nord et l’étang du sud.
Son point d’entrée situé à l’est est signalé par la halle revêtue pour l’occasion d’une marquise de verre.
Le projet se développe à rez-de-chaussée dans le bâti existant et ses extensions. Existant et extensions s’appuient sur des géométries et des typologies différentes puisées dans le registre agricole. Les extensions constituées de trois serres horticoles construites en bois et verre, la plus haute s’implantant au cœur du dispositif, jouent avec les existant, curetés, simplifiés et unifiés par des façades de bois et des couvertures en petites tuiles plates typiques du bâti traditionnel picard. Cette dualité de registre donne son identité à la Maison de la Baie.
Le choix de la serre comme moyen d’extension, s’agissant d’un ouvrage agricole dont la construction est autorisée, permet de créer de la surface au rez-de-chaussée sans générer de surface comptabilisable d’un point de vue administratif.
La construction sur barge de ces extensions permet d’affranchir le projet des contraintes d’inondation tout en offrant une plus grande proximité entre les différents espaces.

La scénographie s’organise à partir d’un «chœur d’exposition» situé dans la serre principale à la croisée des deux pontons. Elle place ainsi le visiteur au centre du dispositif. L’ensemble des espaces d’immersion, de présentation des territoires où virtuel et réel se côtoient, beauté et données historiques et scientifiques s’enchaînent, est directement accessible depuis ce chœur d’exposition dans les espaces qui l’entourent. Ces espaces sont techniquement innervés en apparent dans l’emprise des charpentes à distance des éventuelles crues.

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Date 2014
Surface 1 213 m²

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