… – Bayonne balise encore aujourd’hui les chemins de Saint-Jacques de Compostelle – au confluent de la Nive et de l’Adour mais également au confluent de deux cultures et de deux langues, la Gascogne et le Pays Basque.
Les deux langues sont encore aujourd’hui pratiquées à Bayonne, lisibles également à chaque angle de rue et présentes sur chaque sonnette d’entrées d’immeubles. Un édifice dédié à ces deux cultures et ces deux langues qui cohabitent ici à Bayonne apparaît aujourd’hui indispensable. Il pourrait rassembler un important fond documentaire et faire vivre jour après jour à travers rencontres, échanges, conférences et lecture de textes ces deux langues toujours vivantes.

Le programme développé avec ce projet sur l’emplacement de l’ancien Palais de Justice propose un axe culturel lié aux deux langues (Archives, salles de lecture et auditorium) en R-1 sur cours anglaises, un axe lié au tourisme et au commerce (Annexe à l’Office du Tourisme, brasseries) au niveau de la rue et quarante quatre logements en étages.
Le projet propose la souplesse d’une organisation simple de façon à permettre toute modification éventuelle de programme ainsi que la possibilité de rencontre et de mixité entre programmes privés (logements, résidence de tourisme, hôtel de charme, brasserie, restaurant étoilé, boutiques) et programmes publics (Office du Tourisme, Maison des Langues Basque et Gasconne).

Le site proposé par la Ville de Bayonne se situe en plein cœur du centre ancien. C’est un site remarquable, chargé d’histoire, en bordure du « cardo » de la ville antique, en vis à vis du chevet de la cathédrale Notre Dame et de l’entrée publique de son cloître. Il est occupé depuis la fin du XIXe siècle par l’ancien Palais de Justice encadré d’immeubles de logements à R+4 et R+5 avec commerces en rez-de-chaussée. De facture peu remarquable et peu adapté à notre programmation, nous avons choisi de démolir le Palais de Justice et de construire un immeuble neuf.

Le projet s’inscrit au cœur d’une ville pétrie d’histoire, remarquable par la particularité de sa division parcellaire en lanières et par la division de ses façades médiévales et post médiévales. Il s’inscrit dans la rue d’Espagne en lui restituant à cet endroit sa continuité rythmique et chromatique tout en proposant une « mise au carreau » du reflet du chevet de la cathédrale qui dilate virtuellement l’espace de la rue d’Espagne à cet endroit.
Il construit également la place Lacarre sur sa partie est jusque là délaissé et résiduel urbain, lui donne davantage d’amplitude par sa figure en creux, la désenclave et la restitue aux usagers de la ville grâce à son rez-de-chaussée ouvert et traversant.

Le projet règle son altimétrie de façon à respecter en tous points de son gabarit une relation d’échelle équilibrée avec son voisinage. Il se divise en trois volumes aux altimétries différentes, aux proportions verticales dont la division en croix inspirée des fenêtres à meneaux donne à lire à la fois l’échelle de l’immeuble, l’échelle de l’étage et l’échelle de la fenêtre. Un système de volets ouvragés en pointes de diamant comme la façade de nos meubles régionaux, posés à l’intérieur en retrait suffisant des vitrages donne profondeur et préciosité à la façade.
Cette disposition tripartite est affirmée dans sa lecture par les décrochements autorisés en partie inférieure et en partie supérieure des trois volumes, par la position de l’ascenseur panoramique situé en creux qui dissocie ainsi l’un des volumes des deux autres, par le poteau unique situé au droit de la façade qui semble porter chacun des trois volumes.
Cette division impose la trame spatiale et constructive de l’immeuble autorisant dans les étages logements ou chambres au gré des choix programmatiques qui pourraient évoluer.
Le rez-de-chaussée dégagé de toutes contraintes structurelles peut s’organiser en plan libre de manière organique en lanières étirées sur la profondeur de la parcelle en raccordant la place Lacarre à la rue d’Espagne.

La gamme chromatique de l’immeuble reprend les deux tonalités de la pierre de Bidache (calcaire blanc et calcaire bleu) ainsi que le gris bleu caractéristique des menuiseries et volets de Bayonne. Les volets précieux en retrait des vitrages restent en chêne clair naturel.