Maison de la réserve naturelle du courant d’Huchet à Léon

EXPRESSION HALIEUTIQUE

Le projet puise ses référents dans la nature et la culture même du lac.

 

Il les évoque, les transfigure et les transporte dans la modernité à travers son développement formel, ses espaces familiers, évocateurs et intimes, son système constructif et le choix de ses finitions. Il tisse un lien poétique étroit entre tradition locale et modernité, satisfaisant les besoins d’une maîtrise d’ouvrage en matière d’identité, de support pédagogique et de vitrine pour la Réserve Naturelle et le massif forestier landais sinistré par les tempêtes de 1999 et 2009.

Le site du lac est un espace boisé constitué pour l’essentiel de chênes en bouquets serrés et d’aulnes sur les bords de l’eau. Son caractère et ses qualités paysagères sont remarquables non seulement par son couvert végétal et la proximité de l’eau mais aussi par l’accumulation des pontons de bois destinés à l’amarrage des barques qui découpent, ornent et rythment la rive et les vues lointaines qu’il offre au-delà de l’étendue du lac.

Le projet s’y inscrit en balisant la fin de la promenade des plages et le début de la Réserve Naturelle. Il se glisse entre les arbres et s’y déploie de façon organique comme les quelques ruisseaux qui alimentent le lac un peu plus au nord, se divisant en de multiples bras à la rencontre d’îlots de sable colonisés par la végétation. Décollé du terrain naturel par un système de pilotis, il se met à l’abri des crues centennales toujours possibles malgré leur gestion au barrage de la Nasse. Sa forme et sa structure s’inspirent de celle des barques des pêcheurs professionnels du lac encore en activité il y a une dizaine d’années et au squelette des poissons qui le peuplent. Il fait enfin appel au massif forestier landais dont il exploite toute la filière du pin maritime pour sa construction.

Le projet est constitué de 2 assemblages de volumes tubulaires ouverts à chacune de leurs extrémités orientant la dynamique des espaces, rythmant par leurs membrures de charpente apparentes les déplacements vers les meilleures vues sur le lac, mettant en scène barques et pontons, reflets et lointains naturels et sauvages.
Ces deux parties de l’édifice sont accessibles par une rampe progressive à très faible pente, rythmée à l’approche de leurs entrées respectives par leurs structures volontairement mises à nu qui en constituent le porche ou le vestibule.
La plus importante abrite la Maison de la Réserve Naturelle. Les espaces de garage, laboratoire et conférences se greffent au hall d’accueil et d’exposition ; les espaces des bureaux le surmontent partiellement offrant une partie sur deux niveaux encadrée d’espaces à double hauteur.
Plus modeste la seconde partie accueille la Batellerie : le local de dépôt du matériel se greffe sur le hall d’accueil ; un volume indépendant se glisse dans le hall au-delà de l’accueil et rassemble les fonctions de détente et de douche pour les bateliers.

La construction de cet édifice fait appel majoritairement au pin maritime et aux savoirs faire artisanaux locaux associés aux modeleurs 3D les plus performants et les plus récents dont vient de s’équiper l’atelier.
La structure constituée de membrures et d’arbalétriers en pin maritime lamellé collé prend appui sur une poutraison en acier galvanisé portée par un réseau de longrines en béton armé adapté à la forme du projet. Façades, couvertures et planchers sont constitués sur leurs faces intérieures et extérieures de pin maritime massif isolés par une laine de bois en sandwich. L’étanchéité s’adapte à la double courbure des couvertures ; les façades sont réalisées en voliges non rabotées ; le parquet intérieur est en pin maritime massif vitrifié.
Les chéneaux de récupération des eaux pluviales sont constitués de troncs de pin maritime massif et déversent l’eau dans de grandes vasques de béton coffrées artisanalement à la planche. Menuiseries extérieures et intérieures sont réalisées en pin maritime y compris le mobilier. Le traitement en blanc des volumes libres glissés à l’intérieur de l’édifice renforce la lisibilité de ses coques de bois.

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Date 2007-2010
Surface 338 m²

Dédale — Quels édifices ont pu vous émouvoir ?

Les édifices ou les villes qui nous ont émus restent encore aujourd’hui en petit nombre. Pour les évoquer simplement,
ce sont notamment – pour ceux qui me reviennent en mémoire :
la Bibliothèque des livres anciens à Yale, la Chapelle
de Ronchamp, l’Église de Piétilä à Helsinki.