Les édifices ou les villes qui nous ont émus restent encore aujourd’hui en petit nombre. Pour les évoquer simplement,
ce sont notamment – pour ceux qui me reviennent en mémoire :
la Bibliothèque des livres anciens à Yale, la Chapelle
de Ronchamp, l’Église de Piétilä à Helsinki.
Atmosphère ! atmosphère !
La conception de l’observatoire est une conception sous tension…
…entre la nécessité de ne pas dépasser une certaine altitude et celle de la compacité nécessaire à contenir le projet dans une emprise donnée.
Le projet veut à la fois exister et s’inscrire, se fondre et se montrer, s’adapter à la topographie et s’élever en se décollant tout en respectant l’altitude qui lui est imposée. Son impact dans le paysage est un enjeu majeur car il s’inscrit dans un espace naturel ouvert qui participe directement à la qualité environnementale de l’Ecole Polytechnique. En « Co visibilité », séparés par le lac mais réunis par la passerelle, un dialogue peut alors s’installer entre l’Ecole et l’observatoire dont l’identité, distincte de celle de l’école qui forme aujourd’hui un ensemble urbain compact comme un morceau de ville, peut développer son caractère propre, exprimer sa fonction. L’observatoire atmosphérique ne peut être qu’un édifice qui se distingue et s’inscrit à la fois, au plus prés de la topographie mais qui l’exploite ou s’en affranchit à des fins d’image et d’usage.
Atmosphère ! atmosphère ! Le projet parle de sa destination et de son fonctionnement. Il porte sur son toit son identité d’édifice destiné à la recherche avec sa collection d’ instruments, distincte de son enveloppe et de ses façades, portée comme une sculpture moderne sur son socle ou une chevelure en brosse sur son crâne ; le seul bâtiment du site à la fois visible et inscrit dans son environnement, identifiable entre tous de par son isolement, à l’écart des autres bâtiments, avec ses façades en acier corten qui racontent les patines que lui ont données avec le temps les assauts des conditions atmosphériques et climatiques. Ce sont un édifice et une instrumentation distincts avec cette volonté forte de ne pas noyer l’image des instruments dans celle du bâti et inversement, celle du bâtiment dans celle des instruments : Fonctions et usages distincts et identifiables.
De ce fait , il n’a ni pudeur ni complexe à exhiber les instruments et containers tels qu’ils sont : ils sont construits pour fonctionner, et doivent le montrer ; leur esthétique, c’est la particularité de leur forme adaptée à leur fonction sans concession à un quelconque « design » qui n’aurait là pas sa place puisque nous sommes dans l’expérimentation, pas dans la production industrielle, le marketing et la commercialisation. Le bâtiment aussi développe sa propre identité, une identité réfléchie et adaptée à la singularité de sa fonction d’observatoire atmosphérique.
Seul instrument indissociable du dispositif architectural : La girouette, qui montre la direction du vent par rapport aux quatre points cardinaux, instrument de mesure des origines, archaïque mais efficace, démocratisé, toujours en service dans nombre de nos villages français, se présentant le plus souvent sous la forme d’un coq. Celle-là, mise en œuvre de façon détachée du toit de l’édifice comme une signalétique au débouché de la passerelle sur le site, raconte son association et son lien historique avec le bâti par sa matière en corten et son échelle monumentale d’œuvre d’art. Il y joue les trouble-fête et instille au dispositif une pointe de poésie en renvoyant aussi à « la main ouverte » de Le Corbusier plantée à Chandigarh, image de progrès et d’espérance, optimiste plus que jamais.