Restructuration et extension de la mairie à Saint-Pée-sur-Nivelle

INSCRIPTION ET DISTINCTION

À Saint-Pée-sur-Nivelle, le bâti traditionnel urbain basque a traversé le temps sans dommages.

Seule la Mairie construite en retrait de l’alignement des façades à la fin du XIXe siècle interrompt le rythme de sa grand rue. Sa restructuration et son extension nécessaires aujourd’hui à la qualité d’usage et au bon fonctionnement de ses services nous permet d’une part d’interpeller et de revisiter la rue et le bâti traditionnel basques en concevant une architecture contextuelle dont la modernité tisse des liens étroits avec l’échelle, la rythmique et l’écriture de ses façades, et de prendre la mesure de l’institution publique que représente la Mairie pour restituer à l’édifice qui l’abrite une identité et une lisibilité qui corresponde davantage à son statut.

La grand-rue, orientée nord-sud est bordée en continu d’une juxtaposition de façades traditionnelles basques dont les pignons sur rue dessinent sur le ciel un motif en accordéon. Comme dans tous les villages basques, la nécessité de se protéger des intempéries océaniques montre d’un côté de la rue des façades ouvragées de colombages de bois en surplomb d’un niveau sur l’autre de façon à rompre le ruissellement de l’eau, de l’autre des façades maçonnées, plus massives et plus austères conçues pour recevoir les assauts des bourrasques chargées des fortes pluies océaniques.

La Mairie profite d’une interruption de la continuité de ces façades pour s’insérer en retrait. L’édifice, construit avec application à la fin du XIXe siècle en maçonnerie avec chaînages, encadrements et balcons de pierre rompt maladroitement avec l’écriture traditionnelle basque. Sa typologie, ses décrochements de façade, ses proportions et la hauteur qu’il propose concourent à la discrétion de sa présence, voire à sa disparition. La Mairie n’a pas de lisibilité.

La Parcelle est isolée des mitoyens potentiels par deux passages reliant les fonds à la rue. Cette disposition isole la parcelle de la Mairie, permettant ainsi de dissocier son bâti de la continuité de la rue et de la mettre en valeur. Cette particularité est un atout pour singulariser l’édifice public. Elle bénéficie également d’une pente montante de la rue vers le fond, caractéristique topographique d’un grand intérêt pour redonner sur rue de la présence à l’édifice.

Notre intervention permet à l’édifice de retrouver de la hauteur en reconfigurant ses toitures plus simplement, de la massivité en comblant de matière son retrait en façade sur rue et en l’amputant de ses excroissances sur sa façade arrière, enfin de gagner un niveau en optimisant la hauteur entre planchers. Elle permet également de limiter les extensions (épaississement du bâti existant côté rue ; extension limitée à la distribution verticale) et de conserver le foncier disponible à l’arrière pour une éventuelle future extension à un horizon indéterminé.

Cette intervention restitue à l’édifice une échelle appropriée à son usage institutionnel, une organisation en R+2 commune à tout le bâti de la grand-rue, son appartenance ou son lien à la tradition architecturale basque tout en renouvelant son écriture.

La nouvelle toiture de l’édifice s’inscrit à contre-pied dans la rythmique des rives de toiture qui bordent la grand-rue sur le même côté et répond en miroir inversé à la belle bâtisse traditionnelle qui lui fait face, jouant le bas de pente au milieu de la façade et les faîtages en limite mitoyenne. Cette disposition permet à l’édifice de jouer à la fois la continuité et l’inscription urbaine tout en lui offrant un caractère propre à renforcer son identité d’édifice public.

Le niveau du rez-de-chaussée surélevé par rapport à celui de la rue et le retrait de la façade par rapport à l’alignement nous permet de lui constituer un socle aligné à la façade sur rue du presbytère de façon à renforcer sa lisibilité. Ce socle sertit et contient un parvis d’accès à son entrée sur rue ; il est constitué de larges emmarchements et supporte la signalétique de la mairie en basque et en français.

Son extension, limitée à la circulation verticale publique de l’édifice, s’organise sur la limite sud du parvis, touchant avec ses volumes imbriqués de façon complexe et raffinée l’alignement sur rue, créant l’évènement et signalant dans la perspective de la grand-rue sa présence.

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Date 2010
Surface 784 m²

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ce sont notamment – pour ceux qui me reviennent en mémoire :
la Bibliothèque des livres anciens à Yale, la Chapelle
de Ronchamp, l’Église de Piétilä à Helsinki.